Quelles émotions nous offrira le Tour-de-France cette année ?
Le programme :
Départ prévu pour le samedi 7 et arrivée le dimanche 29 juillet 2018, ce sera le 105e Tour de France. Ce Tour est composé de 21 étapes soit une distance de 3351 kilomètres.
Par étapes :
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8 de plaine
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5 accidentées
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6 de montagne et 3 arrivées en altitude (La Rosière, Alpe d’Huez, Saint-Lary-Soulan col du Portet)
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1 contre la montre en individuel
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1 contre la montre par équipe
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2 journées de repos, quand même…
26 cols sur le parcours, côtes et arrivées en altitude quelque soit la catégorie. Leur répartition géographique sera la suivante :
- 12 dans les Alpes
- 4 dans le Massif central
- 10 dans les Pyrénées
Sur ces 26 cols, 5 seront inédits : le Plateau des Glières, la montée de Bisanne, les cols du Pré, de la Madeleine et de la Croix-de-Fer, l’Alpe d’Huez, les cols du Portet, du Tourmalet et de l’Aubisque seront escaladés. Beau programme, beaux défis….
Nous restons dans la moyenne des années précédentes qui cumulaient respectivement
pour 2015 : 25 cols, pour 2016 : 28 et 2017 : 23.
De plus les coureurs traverseront 36 départements avec un détour de 15 kilomètres en Espagne durant la 16ème étape.
Depuis son existence, le Tour a déjà traversé 9 pays, la principauté de Monaco et celle d’Andorre.
Enfin nous vous précisons que la mythique étape sur pavés n’a pas été occultée pour autant puisque c’est durant la neuvième épreuve que les sportifs rouleront sur les pavés, en partant d’Arras pour aboutir à Roubaix, soit un peu plus de 21 kilomètres de pavés.
Quelques nouveautés, voici la liste des lieux traversés, n’ayant pas encore fait parti du Tour-de-France
- Fontenay-le-Comte (arrivée 1re étape)
- Mouilleron-Saint-Germain (départ 2e étape)
- Sarzeau (arrivée 4e étape)
- Dreux (départ 8e étape)
- La Rosière (arrivée 11e étape)
- Trie-sur-Baïse (départ 18e étape)
- Saint-Pée-sur-Nivelle (départ 20e étape)
- Espelette (arrivée 20e étape)
- Houilles (départ 21e étape)
Concernant les contre-la-montre…
En individuel, lors de la 21ème étape, l’épreuve est établie sur une distance de 31 kilomètres entre St Pée/Nivelle et Espelette, une étape qui ne devrait pas manquer de piquant… De plus des bonus de trois, deux et une secondes seront allouées aux trois premiers des huit premières étapes en ligne.
En équipe, épreuve qui n’avait plus était disputée depuis 3 ans, les coureurs devront rouler sur 35km pour s’acquitter de ce contre-la-montre dès la troisième étape. Par contre en comparaison avec les années précédentes, c’est le temps du 4ème coureur qui impactera le résultat de l ‘équipe et non celui du 5ème.
Sur le plan de la constitution des d’équipes, cette année nous auront le plaisir de suivre 176 cyclistes répartis également sur 22 équipes
Mais ce n’est pas tout :
Une première pour le Tour, durant les 9 premières étapes, des bonifications de 3, 2 et 1 secondes gratifieront les trois premiers cyclistes franchissant un point kilométrique déterminé sur le parcours. Cependant cela n’aura aucun impact sur le classement par points.
Petit historique du Tour-de-France :
Depuis 1947, il a eu 1634 étapes ou demi-étapes courues lors du Tour de France. Cette compétition a traversé 693 villes. Toujours depuis cette date, 832 coureurs ont porté le maillot jaune au moins une fois ou ont remporté un col ou encore ont figuré sur le podium.
- 626 vainqueurs d’étape entre 1947 et aujourd’hui dont Eddy Merckx qui s’est illustré 34 fois en tant que vainqueur sur la ligne d’arrivée.
- 217 maillots jaune pour la même période dont Eddy Merckx en a revendiqué le titre 111 fois
- De 1947 à aujourd’hui, il y a eu 71 Tour de France et depuis sa création en 1903, 105 Tours en comptant celui de cette année
Récapitulatif
Le premier Tour de France s’est déroulé en 1903, il a 115 ans… À l’époque, c’est le journal l’Auto qui en est l’instigateur, et le Tour ne comportait que six étapes reliant les villes principales : Paris , Nantes, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Marseille…
Malgré le peu d’étapes, nous pouvons saluer la bravoure des sportifs de l’époque. Ils roulaient sur des chemin qui ne sont pas ce que nos route sont actuellement, il roulaient aussi de nuit et leurs étapes variaient entre 260 et 470 km environ… Soit pour le premier Tour un total de 2430 km… Avec des vélos beaucoup plus lourds évidemment… Respect !
59 inscrits au départ et 21 à l’arrivée… Cela illustre parfaitement oh combien l’épreuve devait être difficile. En 1903, en cas d’abandon, les sportifs avaient le droit de continuer avec les autres mais ne pouvaient plus faire partie du classement général… Le plus surprenant est qu’avec cette mesure, deux cycliste se sont illustrés en remportant une étape sans être classés. Il s’agit de Charles Laeser, coureur suisse et d’Hippolyte Aucouturier, coureur français.
Initialement le Tour de France avait pour vocation de booster les ventes du journal et celles de l’industrie du cycle en donnant envie à la population d’acheter des vélo grâce aux performances de ces nouveaux héros… Un bon partenariat… Business is business…
Opération réussie pour les deux acteurs. Tant et si bien que l’année suivante une redite du tour est organisée et obtient le même succès… et ainsi de suite jusqu’à nos jours avec une pause pendant les deux guerres…
Le slogan de l’époque, promu par Pierre Giffard, responsable de la revue « le Vélo », était :
« La bicyclette est autre chose qu’un sport, c’est un bienfait social », le sujet est encore plus d’actualité de nos jours avec les problèmes de sédentarité, d’encombrement de route et de pollution en France.
En 1903, un droit d’entrée de 10 francs été demandé aux participants… Mais n’ayant pas beaucoup de volontaires au départ, une stratégie simple et efficace pour motiver les inscriptions a vu le jour. Un système de récompenses pour les vainqueurs a été instauré avec :
Pour le vainqueur de :
- Paris-Lyon 1 500 francs
- Lyon-Marseille 1 000 francs
- Marseille-Toulouse 800 francs
- Toulouse-Bordeaux 700 francs
- Bordeaux-Nantes 1 200 francs
- Au classement général 3 000 francs
Ensuite les 14 premiers du classement général se virent également gratifiés d’un prix cumulable avec le prix de la dernière étape. Et pour finir, une somme minimale de 95 francs fut offerte pour les 50 premiers arrivant à Paris…

Le bilan :
À l’époque, une édition spéciale de L’Auto est tirée à 93 000 exemplaires, ce qui replacé dans le contexte de la période, est extraordinaire !
Le Tour de France a connu un succès considérable ; les ventes du quotidien de L’Auto, qui plafonnaient à 30 000 exemplaires, se chiffrèrent à 65 000 exemplaires.
Et pour le monde entier, sportif ou non, quel bel héritage !
Au IXème siècle, avec l’équipement de l’époque et beaucoup moins de soutien médical, il faut l’avouer… la moyenne des coureurs de 27,280 km/h était peu impressionnante comparée à celle des cyclistes actuels. Mais cette évolution n’a été possible qu’avec les avancées techniques des vélos de course, des équipements, des matières, des préparations des études posturales même. Tous ces progrès ont propulsé cette moyenne à 40,995 km/h (2017 Chris Froome).
À quelles performances assisterons-nous ? Serons-nous témoins d’un nouveau record cette année ?
Comme toujours, ces maillots si prestigieux seront attribués aux meilleurs… Mais à quoi correspondent-ils ?
À chaque performance sa couleur, voyons plutôt :
- Maillot jaune : il est remis au leader du classement général, il né en 1919, soit 16 ans après le 1er tour de France… à l’époque c’est M. Degranges, directeur du tour qui en prend la décision, et le choix de la couleur a clairement été influencé par le journal l’auto, car ses pages étaient jaunes et que c’était le l’organisateur du tour…
- Maillot vert : il gratifie le meilleur sprinter, ce qui correspond au classement par points obtenus pour chaque sprint d’arrivée à pour chaque étape et au cumul. Ce maillot est né bien après le maillot jaune, la même année que celle de l’institution du classement par points, en 1953. Et bien sûr, la couleur renvoie à un sponsor de la même année, « belle jardinnière ».
- Blanc à pois rouges : Un maillot qui ne s’invente pas et difficile à obtenir mais aussi à conserver… C’est la maillot du meilleur grimpeur ! Ce maillot est né en 1975, à l’époque c’est la marque de chocolats Poulain qui sponsorisé le tour qui a eu le privilège d’imprégner de son influence la culture du tour de France. La marque voulait que ce nouveau maillot soit facilement reconnaissable à la télévision, qui était alors en noir et blanc rappelons le… Donc il fallait plus un maillot à motif que coloré…. Monsieur Lévitant (codirecteur du Tour de l’époque) a décidé du blanc à pois rouge faisant ainsi mémoire à un cycliste d’avant-guerre qui s’était lui-même inspiré des tenues des jockeys pour l’imprimé bicolore. D’ailleurs ce coureur se faisait surnommer «P’tit pois». Dès sa création, ce maillot a conquis la foule.
- Blanc : La reconnaissance réservée au meilleur parmi les moins de 25 ans au classement général
Question performances, question champions… voici un petit palmarès par nombre de victoires
- Jacques Anquetil : 5 victoires finales : 1957, 1961, 1962, 1963 et 1964. Surnommé Monsieur Chrono grâce à sa supériorité dans les contre-la-montre, mais aussi « Maître Jacques » pour sa prestation en 1961. Durant ce Tour il n’a jamais perdu le maillot jaune.
- Eddy Merckx, 5 également entre 1969 et 1974 surnommé l’ogre de Tervuren à cause de sa boulimie de victoires. Et il est le seul coureur à avoir gagné lors du même tour les trois principaux maillots (jaune, vert et à pois) en 1969
- Lance Armstrong, 7 tours de France et même s’il est annulé par l’Union Cycliste Internationale, d’une part il n’en reste pas moins impressionnant et d’autre part d’autres grands cyclistes ont été contrôlés positifs sans être aussi durement sanctionné, parfois simplement innocentés par manque de preuve… Bref…
- Miguel Indurain, le seul coureur à remporter 5 Tours de France consécutifs de 1991 à 1995, surnommé le grand Ming pour sa taille
- Bernard Hinault, 5 tours aussi entre 1978 et 1985, il fait également parti des plus jeunes cyclistes à remporter le Tour de France, car lors de sa première victoire, il n’avait que 23 ans, 9 mois et 9 jours… Surnommé le Blaireau pour son caractère… Mieux vaut éviter de le pousser dans ses retranchements…
Parmi tous les grands Hommes à avoir disputé la grande boucle, Bernard Hinault fait parti de ceux qui marquent considérablement l’histoire du Tour, pourquoi ?
C’est simple, il fait parti de la liste des sportifs étant les plus jeunes à gagner le Tour. Ajoutons que non seulement il est rare de gagner aussi jeune mais ça l’est encore plus de gagner dès la première participation. Pour lui ce fut chose faite dès 1978. Et pour couronner le tout, il trône aussi parmi les plus anciens à avoir remporté le Tour avec cette dernière victoire en 1985 à 30ans, 8 mois et 27 jours. Sacrée « Blaireau »
Concernant les coureurs ayant remporté le maillot jaune et vert la même année, il n’y a que deux champions à retenir : Hinault et Merckx… Encore eux…
Si Eddy Merckx a l’avantage du palmarès (tout comme Lance Amstrong bien que ce dernier ait dû subir l’opprobre et la trahison de membres de son équipe pour finalement être déchu et exclu de façon irrévocable par l’Union Cycliste Internationale. Lourde et injuste sentence quand on pense à tous ceux qui passent au travers des mailles), il s’est retiré des courses rétrogradé à la 6ème place du tour de France en 1977… Après toutes ses victoires, il était difficile de prendre la décision de raccrocher, mais sans doute encore plus de le faire à la 6ème place quand il n’a connu que les meilleurs podiums durant toute sa carrière…
Un autre grand cycliste l’avait compris et n’a pas commis la même erreur…
Bernard Hinault justement, il a su s’illustrer avec son palmarès qui peut toujours faire envie à bien des coureurs actuels, même s’il est moins impressionnant que celui de Merckx.
Et le courage de Bernard H. fera aussi légende !
Tout comme sa volonté et son intelligence. Effet en fin stratège, notre Blaireau National est le seul à avoir eu l’intelligence de partir dans la lumière en 1987 en offrant le tour de France à Greg Lemond alors qu’il aurait sans doute pu le remporter pour la sixième fois. Mais dans le doute, il a préféré nous laisser une belle image. Car en insistant pour gagner ce 6ème Tour, il chargeait aussi ses épaules de la pression populaire, de la presse, de ses rivaux… Ce qui risquait de le contraindre à se réinscrire l’année suivante avec le handicap de l’âge et de la pression et de l’orgueil. In fine cela lui aurait sans doute valu un échec et l’aurait définitivement privé de pouvoir quitter le monde du vélo dans la gloire. Grâce à cette fine manœuvre, nous garderons le souvenir d’un homme généreux, lucide, courageux et combattant… Ceux qui marquent l’histoire restent dans notre mémoire… Mieux vaut qu’elle soit belle… et immaculée… bien des cycliste abonderaient en ce sens !
C’est certain c’était un coureur différent !
Et pour finir, nous allons mentionner brièvement Bruxelles, pourquoi ?
Car Bruxelles a déjà été le départ du tour de France en 1958, pourquoi déjà ?
Et parce qu’elle le sera à nouveau en 2019. La grand boucle….